[chronique] Dissection allégée de « Plaguers » de Jeanne-A Debats

Pour l’instant je marchais beaucoup mais ne lisais pas beaucoup ! Alors je me lance, je vais poster désormais des chroniques des livres que je lis. L’idée : essayer de rester synthétique (un vrai exercice pour moi) et analyser le livre autrement que juste par les « sentiments » afin d’en tirer quelques leçons pour écrire ^. ^

Dissection allégée de « Plaguers » de Jeanne-A Debats

Comment j’ai eu ce livre : j’ai lu l’anthologie « Lancelot » de ActuSF et la nouvelle de Jeanne-A Debats (avec un vampire) m’a tellement plus qu’il me fallait lire un autre livre d’elle. Comme « Métaphysique d’un vampire » (même héros que la nouvelle) était épuisé, je me suis rabattue sur « Plaguers », un livre plus récent (plus petit aussi !).

Genre et thème : (heu ?) fantastique/SF, ados, écolo (?)

L’auteure : Jeanne-A Debats

Maison d’édition : L’Atalante

Avis général : Très mitigé, je reste dubitative. Je suis désolée la suite va être un peu floue car difficile de parler en détail du livre sans poiler.

Résumé perso : sur une planète Terre dévastée où l’air même vous tue à petit feu, des enfants développent des pouvoirs surnaturels ; on les surnomme plaguers. L’expression de la « Plaie » varie d’un individu à l’autre. Le héros, Quentin, fait jaillir des sources. Son amie au sale caractère (mais genre, vraiment imbuvable la fille !) fait pousser des fleurs !
Cependant ces pouvoirs font peur et, plutôt que d’utiliser les Plaguers pour réhabiliter la planète, le reste de la société les enferme dans des réserves.
Dans l’évolution de leur Plaie, les plaguers finissent par trouver d’autres plaguers avec lesquels ils entrent en résonnance et fusionnent (les Uns ou les Unes).


Le style : Je m’attendais à retrouver le style de la nouvelle sur Lancelot, ça n’a pas du tout été le cas. À part quelques phrases et les blagues qui, incontestablement, provenaient bien de la même auteure, j’ai eu du mal à retrouver cette plume qui m’avait carrément subjuguée. M’attendre à relire du vampire était évidemment crétin, mais j’aurais au moins aimé retrouver la qualité qui m’avait séduite dans la nouvelle, or là j’ai trouvé le style très « lâche » (dans le sens d’une maille de tissu, pas qu’il s’enfuyait en courant) et variable, ce qui m’a beaucoup déçue.

Les personnages :  en fait je crois que je peux résumer cette chronique par « très variable ». Certains personnages m’ont beaucoup plus, d’autres pas du tout. Les relations entre eux m’ont beaucoup intéressée par moment et… à d’autres moments, je n’ai vraiment pas accroché (des changements trop brutaux, ou des événements trop redondants). Je ne me suis pas attachée à eux (ceci dit, je pense que ce n’était pas non plus le but de l’auteure que ce soit le cas), du coup la fin m’a laissée d’autant plus pantoise/amorphe/atone.

L’histoire :  variable XD (je vous jure qu’en vrai, mon vocabulaire est plus varié). Certains points sont très intéressants, bien développés et originaux. D’autres le sont moins, et personnellement (mais c’est une maladie grave, j’espère que vous ne l’avez pas), j’avais deviné à l’avance pas mal de surprises. Ceci dit, quelques points sont expressément « mis en attente » pour nous faire stresser en anticipant certaines péripéties et ça marche très bien.
Pour parler un peu plus précisément (fermez les yeux si vous ne voulez pas de demi-spoils) :
— Dès que l’on parle des réacteurs Alycamps et de leur mise en réseau, tout m’a paru évident pour la suite du livre.
— J’ai aimé le dilemme de Quentin entre se faire des nouveaux amis ou continuer à supporter (dans tous les sens du terme) Illya. Mais je n’ai pas aimé les sentiments qu’il a développés envers elle.
— J’ai beaucoup aimé le plaguer qui contrôlent les hormones et autres trucs du genre, je l’ai même adoré, jusqu’à la fin où j’ai trouvé qu’il devenait un peu trop cliché. Créer un tel personnage est un sacré pari (ben oui, quand le mec peut faire quasi tout ce qu’il veut, comment lui donner de l’intérêt ? Et des objectifs ? Et le rendre abordable ? Lui donner malgré toute sa puissance des faiblesses ? comment faire pour qu’il ne réussisse pas à gouverner le monde/sauver le monde selon son alignement dans les 5 premières pages du livre ?) qui a été plutôt réussi.
— J’ai A-DO-RE l’évolution de la relation entre Quentin et deux autres plaguers (un qui contrôle les abeilles et un qui contrôle les loups si je ne me trompe pas) même si parfois c’était un peu trop rapide et je me demandais si je n’avais pas sauté une page.
— Mon passage coup de cœur : quand Quentin travaille dans les serres de la réserve. C’est vraiment calme et reposant. On sent presque l’odeur de la terre et des fleurs !

Les points faibles :
— La variabilité. Le fait que certains passages soient géniaux et d’autres moins bien ne m’a pas permis de rester accrochée au roman. J’ai d’ailleurs arrêté de le lire 2 semaines au milieu du livre.
— Certains points ne m’ont vraiment pas paru logiques (mais pourquoi les plaguers, tant haïs, sont pépères dans leurs réserves ? Pourquoi ne se rebellent-ils pas ? pourquoi ne sont-ils pas esclavagés [je sais qu’on ne dit pas ça comme ça] ? Il paraît qu’il y a un commerce entre « humains » et « plaguers » mais les plaguers représentent des ressources si importantes pour un monde tellement mort que ça me paraît improbable comme situation, après c’est un choix de l’auteur donc…)
— Trop d’explications à partir de la moitié du roman : je ne sais pas si c’est trop d’explications dans le sens où on nous dit trop de choses au lieu de nous laisser les comprendre, si c’est dans le sens qu’il y a tout un contexte qu’on ignore mais qui est essentiel à la résolution de l’histoire et donc cela implique de nous mettre à jour, si c’est parce qu’il y a des pseudo-redites ou juste trop de passages explicatifs (ou pas) ? Ou un peu de tout ^^
— Ces deux derniers points amènent celui-ci : un contexte trop flou ou mal posé ?
— La fin. Je n’ai rien compris à la toute fin, à moitié compris la résolution et j’ai trouvé l’ensemble totalement perché (mais même dans le perchage, qui peut être un choix d’auteur, je n’ai pas compris ce qu’il se passait).

Les points forts :
— Le traitement complètement naturel (sans prendre de pincette, sans faire trop délicat pour ménager les gens, sans faire cliché, sans exagérer… bref, naturel ^^) du couple garçon/garçon qui se trouve dans le roman. Comme c’est agréable !
— Le(s) caractère(s) des personnages : tantôt vif, énergique, macabre, tête à claques, casse bonbon, attendrissant, déprimé et déprimant, bougon… on a toute la palette des sentiments.
— Les Uns (et plus ^^) et les questions qu’ils font se poser aux héros (perte de l’identité, etc.).

Dans les autres chroniques que j’ai pu lire, j’ai vu beaucoup de gens dire qu’ils s’agissaient d’un beau livre pour parler de tolérance, etc. Je ne sais pas quelles étaient les intentions de l’auteure, moi je trouve que la tolérance est en effet vaguement présente mais ça ne me semble pas du tout le sujet du livre. (en fait ça reprend exactement le même principe que Xmen : humains/mutants et l'école de Xavier = une réserve, seulement Xmen pousse le contexte politico-social beaucoup plus quand là ça reste vaguement en trame de fond, je trouve). À vrai dire, le sujet du livre me semble totalement inaccessible, je pense que l’auteure est une Une (ceci est un compliment) et dans ce cas, cela expliquerait tout ^. ^ Finalement je n’ai pas aimé mais vu comment est présenté le livre (Quentin est le narrateur « je » à la fin de l’histoire), tout ce que je n’ai pas aimé (même le style !) peut se justifier.


En bref : un univers riche et varié, plein de bonnes idées mais peut-être avec trop de bonnes idées et du coup un manque de développement ? Le livre se lit bien mais il m’a laissé une mauvaise impression (surtout à cause de la fin). Je pense que trop d’éléments scénaristiques s’intercoupaient pour s’intraregrouper (pour vous dire la complexité, il faut que j’invente de mots !) et du coup j’ai complètement perdu le fil de l’intérêt du livre. Sans compter que le style ne me plaisait vraiment pas.
J’ai commandé Métaphysique d’un vampire (enfin trouvé un exemplaire en vente !). Nous verrons… J

Je commence par cette chronique mais ma lecture date d’un mois et je n’avais pas vraiment prévu de commencer les chroniques via ce livre donc elle manque (je trouve) de précision, mais je vous promets que les suivantes seront (encore plus) croquantes : 3

(évidemment tout ceci et les prochaines chroniques : il s'agit de mon avis, vous n'êtes pas obligé de le partager, et je serais très heureuse de discuter de ce que vous avez pensé du livre)

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